mercredi 4 janvier 2012

Villes impériales marocaines


La mosquée Hassan II à Casablanca au MarocJ’arrive à Casablanca, c’est la capitale économique du pays. Une ville qui ne restera pas comme ma destination favorite en terme d’architecture notamment. Mais la mosquée Hassan II est pour autant aussi somptueuse qu’imposante, juste apposée à la mer. La jetée est superbe. L’atlantique agité gifle les remparts et mon regard s’éloigne et se perd dans les bleus de l’océan et du ciel ainsi entre mêlés. A Casablanca, j’ai tenté l’expérience des bars à Chicha. Ces bars sont assez mal vus dans la capitale. Mais l’envie de s’enivrer une fois de plus de coutumes locales est plus forte que la raison. Je trouve un petit hôtel sans prétention un peu éloigné de la Médina.
Je quitte le lendemain Casablanca pour Rabat. Ville dans laquelle je ne reste que quelques heures, mon terminus étant pour plus tard Meknès. J’ai trouvé un peu austère Rabat qui est la capitale politique du pays. Même la Médina ne m’envoute pas autant que celle des autres villes. Je mange un morceau à une terrasse et apprécie toutefois cette escale. Je savoure pleinement ce petit périple de cités marocaines que je me suis organisé.Une somptueuse porte à Meknès au Maroc
Le jour s’achève donc par mon arrivée à Meknès une nouvelle ville impériale. Je rejoins pour l’occasion un ami lyonnais Ivan et Zouhair son ami marocain. J’ai droit a une visite privilégiée de la ville par Zouhair, avec l’inévitable halte pour déguster le non moins incontournable thé à la menthe. Par contre mon hôtel est vieux et quelque peu lugubre. Les nuits sont fraiches. Je n’aurai jamais cru un jour avoir froid au Maroc.
Les portes de Meknès aux proportions majestueuses valent plus que le détour. Meknès a été touché il y a peu par des pluies meurtrières. Je suis « un pseudo-guide » et découvre impuissant les ravages de la nature sur des habitations qui n’ont pas la même solidité que celles de l’Occident. Les aides et les reconstructions ne sont pas rapides, mais pour le marocain, l’optimisme est de rigueur. Demain est un jour meilleur : Inch’allah.
La gare de Fès au MarocLe lendemain je pars pour passer l’après-midi à Fès. Le trajet est à une petite demi-heure à peine en train de Meknès. La gare est vraiment encore splendide, très prestigieuse. J’ai un peu de mal à trouver le centre et paie bien plus qu’il ne faut pour un « pseudo guide taxi ». Surplombée par de petites collines, je suis sous le charme de la médina de Fès. Elle est immense et vraiment impressionnante. Quelques gouttes de pluie humidifient le paysage. Je me perds avec joie dans la médina, ses ruelles hasardeuses, je découvre des rangées d’ânes, des fontaines plus belles les unes que les autres, des enfants malicieusement espiègles. La ville vit au rythme des chantiers d’urbanisme. Un étudiant m’aborde et se propose de me guider en ville. Ne réclamant pas d’argent, je le suis et me livre à sa version de sa ville Fès.
Je rentre sur Meknès et passe déjà une avant-dernière nuit au Maroc. Je dois rejoindre le lendemain Marrakech. Après un petit déjeuner très copieux à Meknès, je consacre donc presque une journée à voyager en train. Plus de sept heures en effet pour relier Meknès à Marrakech. Sept heures durant lesquelles je côtoie beaucoup de marocains et pratiquement aucun touriste. C’est les joies des voyages « hors-saison ». Alors qu’en France le contact devient une exception dans les wagons, au Maroc, le silence n’existe presque pas. Les gens se parlent et rient facilement ensemble. Le film de mon voyage s’inverse : Meknès, Rabat, Casablanca, Marrakech. Les vues furtives de chaque ville visitée sont comme le dirait François Truffaut : une joie et une souffrance à la fois. La joie de revoir de beaux paysages, de repenser aux beaux instants passés mais il y aussi la souffrance de réaliser que je quitte déjà en même temps ce pays.La place Jamâa El Fna de Marrakech
Je réussis à trouver une chambre dans le Guéliz de Marrakech. Bien que fatigué par cette journée passée dans le train, c’est presque en courant que je me rends à la place Jamâa El Fna. La nuit n’est pas encore tombée. J’assiste à la venue progressive de la foule et à l’effervescence de ce lieu qui est un concentré de vie intense. La nuit est avec moi. Ça grouille, ça crie, ça sent, ça vit. Une banale histoire de panne de portable me permet de sympathiser avec un jeune joueur de foot. Je suis persuadé qu’il est marrakchi mais il est en fait originaire de ma région. Le hasard des rencontres est décidément un signe dont j’apprécie la chance. Jamel joue pour une équipe de foot de Marrakech pour quelques mois. Je constate qu’il jouit d’une petite renommée, car les gosses de la place ne cessent de venir le saluer. Dernier thé à la menthe en sa compagnie à la terrasse d’un café. Mes oreilles s’enivrent une dernière fois des sons des instruments de percussions marocaines qui offrent un rythme digne des mille et une nuits à cette mythique place. Les charmeurs de serpents côtoient les jeunes filles qui proposent des tatouages au henné. Mes sens s’évaporent tout comme ma mélancolie. Je savoure encore une fois la simple joie du dépaysement. A quelques heures d’avion de la France, un autre monde s’ouvre à nous le Maroc. Voilà bien longtemps que je ne suis pas senti autant en vie…
Superbe aéroport de Marrakech. L’heure du départ approche. Je ne repars pas triste du Maroc. J’aime le voyage. J’aime partir alors je sais aussi revenir. J’aime le mouvement. Au Maroc, je me suis senti chez moi. Au Maroc, j’ai souvent dompté la solitude et affronté bien plus facilement que prévu le passé. Le Maroc n’est pas un pays qui laisse de place à la tristesse et à la mélancolie. Le Maroc est un merveilleux antidote à la monotonie. Grâce à ce deuxième séjour au Royaume du Maroc, j’ai encore un peu plus appris sur moi-même mais aussi et surtout sur les autres, sur ce peuple marocain et sa capacité à donner tant alors qu’on croit qu’il a si peu.
Sébastien (Lyon).

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